MATERIA INCOGNITA

NICOLAS
VERNOUX-THÉLOT
Architecte, Botaniste
IN SITU Architecture
Paris
3 · MASTERCLASS INTERDISCIPLINAIRE · EAU

« Terre d'Algues », un projet ambitieux de R&D afin de réduire l'impact carbone de la construction par la mise au point d'éco-matériaux
Nicolas Vernoux-Thélot est intervenu sur le projet de R&D « Terre d’algues » mené notamment en partenariat avec le Laboratoire de reproduction et de développement des plantes (LDP) de l’École normale supérieure de Lyon qui a pour but de réaliser notamment des briques de construction et des panneaux à partir des sargasses.
En, effet, ces algues brunes invasives qui échouent par tonnes sur les côtes des Antilles, du Mexique, de la Floride et de Normandie causent de graves problèmes écologiques, sanitaires et économiques. "Sous l'effet de sa masse, la sargasse étouffe l’écosystème marin sur des dizaines de mètres. Sur le rivage, au bout de 48h, elle se décompose et forme une sorte de boue marron et visqueuse. Elle dégage alors de l’H2S, un gaz sulfuré, toxique pour l’homme et l’animal inhalé à haute dose. Sans parler des pertes économiques de plusieurs millions d’euros dans les secteurs du tourisme, de la pêche et de l’aquaculture. Et il ne faut ni la brûler, ni l’enterrer. Or, d’un côté, on a ces milliers de tonnes de sargasses et de l’autre de la terre en excès sur les chantiers de construction", précise Nicolas Vernoux-Thélot.
Un consortium de quatre partenaires contribue à ce projet soutenu par l'ADEME : IN SITU Architecture, IN SITU Lab et Laboratoire RDP, CEREMA, NOBATEK/INEF4 et TOX SEA IN. Un partenariat unique entre un cabinet d’architecture, un laboratoire de biologie et un Institut national pour la transition énergétique et environnementale du bâtiment (centre privé de recherche appliquée) qui rassemble de façon transversale architectes, biologistes, ingénieurs et chercheurs.
Le procédé "Terre d'algues"
Breveté, le procédé "Terre d'algues" consiste en un mélange de sargasses et de terre crue avec des liants de composition naturelle, à la manière d'un torchis. Sa technique de mise en oeuvre est simple et accessible. Sa capacité isolante est importante et sa conductivité thermique faible. C'est, par ailleurs, un éco-matériau faiblement transformé qui s’inscrit dans une logique d’économie circulaire. Le bilan carbone est positif. La sargasse capture et stocke du CO2. Après plusieurs tests, les propriétés thermiques d’un mélange terre et fibres d’algue présente un coefficient lambda similaire à d’autres matériaux biosourcés. Ainsi, le consortium envisage plusieurs gammes de matériaux : briques de remplissage, hourdis pour les poutres et les planchers, panneaux isolants…
APPROCHES.
INTERVENTION.
AUTOUR DE "TERRE D'ALGUES", PROJET DE R&D D'ÉCO-MATÉRIAUX À BASE DE SARGASSES
DISCIPLINES.
ARCHITECTURE BIOMIMÉTIQUE & BIOCLIMATIQUE, R&D ALGUES
EXPERTISES.
ARCHITECTURE, URBANISME, BOTANIQUE, PHYLLOTAXIE

À PROPOS.
SITE WEB.
PUBLICATIONS.
Sous la direction de Solène Marry, Architecture Low-Tech, Sobriété et résilience, Éditions Parenthèses & Ademe, 2023.

L’enjeu global des éco-matériaux dans la réduction de l’impact carbone du secteur de la construction
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En effet, le bâtiment est le plus gros gisement de la transition énergétique et environnementale.
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Par ailleurs, au fur et à mesure que les performances d’usage des bâtiments s’améliorent, la part d’énergie grise devient prépondérante, notamment celle consommée pour la fabrication des matériaux de construction.
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De plus, le bilan carbone des filières classiques de la construction est très élevé (béton / parpaing de ciment, métal (tôle ondulée), polystyrène, plaques de plâtre). A titre d’exemple, la production mondiale de ciment a augmenté de 80% ces dix dernière années et prévoit d’être multipliée par trois d’ici 2050.
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A cela s’ajoutent les enjeux sanitaires liés à la qualité de l’air intérieur et l’importance de matériaux sains.
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D’où le développement des éco-matériaux, biosourcés et géosourcés (bois, paille, chanvre, laine… et terre) : +15% annuel en volume.
Les enjeux locaux de la valorisation de ressources naturelles et des déchets de la construction dans des projets architecturaux
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Gérer l’invasion des algues Sargassum spp.
Il s'agit de gérer le flux de ces algues brunes envahissantes (250K Tonnes uniquement dans les Antilles Françaises et 40K Tonnes en Normandie) et de les valoriser.
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Agir dans le secteur du BTP, premier producteur de déchets, et notamment de déblais
La terre crue est considérée comme un déchet inerte du BTP et potentiellement consommateur de foncier (80% des déchets du bâtiment sont des déblais soit 200 millions de tonnes en 2012 - source ADEME). Il s'agit aussi de la valoriser.
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Réduire l'inconfort lié aux surchauffes
La climatisation est un poste consommateur d'énergie et émetteur de GES (50% des bâtiments construits après 1990 disposent d'un système de climatisation). Il s'agit de minimiser le recours à la climatisation.
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Favoriser les filières locales de développement de matériaux de construction biosourcés valorisant les déchets.
IN SITU Architecture
Une agence à la croisée du biomimétisme, du bioclimatisme et de la R&D
L’agence IN SITU Architecture développe une approche pluridisciplinaire entre architecture et paysage qui privilégie une pensée contextualisée et environnementale tournée vers le corps, sa perception et son ressenti. Aujourd’hui, l’agence développe en France et à l’étranger des projets dans plusieurs domaines allant du bureau au logement en passant par l’équipement culturel et sportif.
Face à la crise liée à l'épuisement des ressources naturelles, IN SITU Architecture propose le biomimétisme comme un vecteur de mutation, d'une architecture « carbonée » polluante et consommatrice d'espace et d'énergie vers une architecture biomimétique et bioclimatique s'appuyant sur des technologies simples, propres et économiques, en s'inspirant de la nature et notamment des plantes.
Parcours
Architecte DPLG depuis 1999, Nicolas Vernoux-Thélot est diplômé de l’Ecole nationale supérieure d'architecture de Versailles. Il est également titulaire d’un Diplôme d’Études Approfondies (DEA) en hypermédia de l’Université Paris 8 et d’une formation de botaniste au Muséum national d'Histoire naturelle.
Il a débuté son activité professionnelle à l’étranger, au sein d’agences internationales, notamment Eisenman Architects à New York. En 2003, il a démarré une activité libérale à Paris et a fondé en 2008 la société IN SITU Architecture. Son travail est régulièrement publié dans différentes revues et il est invité à participer à plusieurs expositions. En 2016, il a été lauréat du prestigieux prix européen « 40 Under 40 architects » et a reçu de nombreux prix depuis, dont en 2023, les Green Solutions Awards, l’Eurasian Prize et l’International Architecture Prize.


